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LA GEMMOTHÉRAPIE : PRÉCIEUX CONCENTRÉ D’INFORMATION GÉNÉTIQUE DE LA PLANTE EN DEVENIR

Le mot gemmothérapie vient du latin « gemma » qui désigne à la fois le bourgeon et la pierre précieuse. Une analogie révélatrice de la puissance des bourgeons dans le monde de la santé par les plantes.

Fondée dans les années 1960 par le docteur Pol Henry, homéopathe belge ; la gemmothérapie reprend des études qui ont débuté au Moyen Âge. La gemmothérapie utilise principalement les bourgeons et jeunes pousses des arbres et arbustes. En effet, sur le plan symbolique, les arbres ont traversé les époques en étant perçus comme de grands porteurs de vie et de longévité. La gemmothérapie se base sur le principe que les bourgeons en tant que tissus embryonnaires du végétal, contiennent toute la puissance de la plante en devenir.

Le bourgeon comme « moteur de construction » de la plante

L’extrait de bourgeon est un concentré d’information puisqu’au-delà de porter le développement potentiel de la plante dans sa totalité, il renferme toutes ses informations génétiques et possèderait donc une action plus étendue que les seules parties isolées de la plante déjà développée. Pol Henry disait ainsi : « La phytothérapie qui n’utilise pas les tissus méristématiques perd le gène le plus vital du végétal et se borne à utiliser comme thérapie seulement ses élaborations secondaires »[1]. En effet, c’est dans les bourgeons ou les jeunes pousses que l’on trouve la principale réserve en tissus méristématiques de la plante qui sont à l’origine de la multiplication des cellules et de la croissance du végétal. On peut les rapprocher en ce sens des cellules souches de l’humain. Le méristème s’apparente ainsi au « moteur de la construction de la plante » selon l’expression de Francis Hallé[2].

Au niveau biochimique, les cellules méristématiques renferment une grande quantité d’acides nucléiques (information génétique) ainsi que des minéraux, oligo-éléments, vitamines, enzymes, facteurs de croissance ou hormones végétales. En résumé tout ce qui permet à un végétal de s’auto générer… Or, ces facteurs de croissance disparaissent au moment où la fonction chlorophyllienne de la plante se met en route.

Par ailleurs, les scientifiques pensent que le méristème est doué d’intelligence et s’adapte en fonction de son environnement direct. C’est pourquoi la médecine des bourgeons est « une thérapie vivante qui donne la capacité à chaque patient de réagir suivant ses [propres] capacités »[3]. Dans notre organisme, la gemmothérapie stimule notre fonctionnement cellulaire, régénère les cellules et améliorent leur communication entre elles.

Le cueillette doit s’effectuer au printemps, lorsque les bourgeons sont à peine entrouverts.

Le moment stratégique de la cueillette

En gemmothérapie, on s’intéresse au bourgeon de croissance et non pas au bourgeon floral qui a perdu sa capacité à devenir la plante entière pour s’orienter vers la reproduction sexuée de la plante. C’est pour cela que le moment de la cueillette est stratégique dans la gemmothérapie.

Elle doit s’effectuer au printemps, lorsque les bourgeons sont à peine entrouverts, et qu’on ne voit pas encore leurs feuilles de manière distincte auquel cas, on ne serait plus sur une induction hormonale de croissance mais sur de la photosynthèse ce qui impliquerait déjà la mise en place des principes actifs de la plante adulte.

Une préparation unique pour extraire les différents principes actifs  

La gemmothérapie n’utilise par ailleurs, que des bourgeons frais, tout juste cueillis. Le bourgeon est encore vivant lors de la préparation du macérât. La gemmothérapie repose également sur la spécificité de sa forme galénique qui utilise un mélange d’eau, d’alcool et de  glycérine végétale. L’utilisation de ses 3 solvants revêt une importance capitale car ces derniers dissolvent des principes actifs différents. L’eau dissout les principes hydrosolubles, certaines vitamines et acides, les flavonoïdes, les sels minéraux, les tanins et les polyphénols. L’eau capte également le message énergétique de la plante. L’alcool joue un rôle de conservateur tout en dissolvant les alcaloïdes, les acides, les hétérosides, les flavonoïdes, les glucosides et les vitamines. La glycérine végétale dissout les acides gras tels que les cires, les phénols, les huiles essentielles, les flavonoïdes, les gommes, les matières colorantes… De plus, elle contribue à stabiliser certaines molécules.

On consomme le macérat dilué dans un verre d’eau.

Comment consomme-t-on les bourgeons ?

La préparation sous forme de macérât glycériné stimule les organes d’élimination et possède une action drainante qui contribue à la désintoxication de l’organisme. Même s’il existe des complexes de bourgeons, et que la recherche s’inspire de la phytosociologie pour associer des plantes qui poussent entre-elles, il est plutôt recommandé d’utiliser les bourgeons séparés.

La préparation sous forme de macérât glycériné correspond à une forme facile à intégrer à son quotidien. En fonction de la plante, la posologie indique un nombre de gouttes à diluer dans un verre d’eau à prendre une à 3 fois par jour. On conseille un usage en cure de 3 semaines avec une semaine d’arrêt suivi d’un renouvellement de la prise.

Les bourgeons de cassis : grands incontournables de la gemmothérapie.

Le bourgeon de cassis « élixir de vie »

Pour terminer, nous donnerons l’exemple du bourgeon de cassis (Ribes nigrum) qui se présente comme une véritable panacée et l’un des incontournables de la gemmothérapie. Il était déjà considéré au XVIIIe siècle comme « élixir de vie ». Extrêmement polyvalent, le bourgeon de cassis est efficace sur tous les systèmes physiologiques de l’organisme, il est à ce titre considéré comme adaptogène.

En l’occurrence, il sera le bourgeon numéro un pour traiter les allergies (allergies aiguës et allergies dues aux médicaments) grâce à la présence de six flavonoïdes : acide gallique, acide chlorogénique, apigénine, isoquercitrine, quercétine, myricétine. Il pourra notamment être utilisé en voie externe pour soulager démangeaisons, piqures d’insectes ou psoriasis. C’est un topique universel et il possède une action cortisone-like et anti-inflammatoire que ce soit au niveau cutané, respiratoire ou encore articulaire. C’est également un revitaliseur énergétique et un immuno-régulateur.

Un pan de l’herboristerie qui ne demande qu’à être exploré

En guise de conclusion, nous mettrons en avant le fait que malgré de nombreux avantages, la gemmothérapie ne fait l’objet d’aucune reconnaissance actuelle car l’absence d’étude en double aveugle ne permet pas d’en prouver les effets. Elle présente pourtant une totale innocuité. L’un des grands avantages du bourgeon réside dans son absence de molécules toxiques car si la plante en contient, elles se retrouvent dans le bourgeon à l’état de précurseur biochimique donc inactives. De plus, la gemmothérapie présente une très faible concentration, contrairement aux huiles essentielles utilisées en aromathérapie. Elle est donc plus facilement utilisable par un public sensible. La gemmothérapie est donc un pan de l’herboristerie qui ne demande qu’à être exploré.


[1] Ledoux Franck et al. La phytembryothérapie : l’embryon de la gemmothérapie / Docteurs Franck Ledoux, Gérard Guéniot. Bruxelles: Ed. Amyris, 2013, page 9.

[2] Hallé Francis, Aux origines des plantes  / sous la direction de Francis Hallé. Des plantes anciennes à la botanique du XXIe siècle. Paris: Fayard, 2008.

[3] Ledoux Franck et al. La phytembryothérapie : l’embryon de la gemmothérapie / Docteurs Franck Ledoux, Gérard Guéniot. Bruxelles: Ed. Amyris, 2013, page 32.

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